Commission d’enquête sur Anzême – Quand le manque de sérieux frise la blague

Commission d’enquête sur Anzême – Quand le manque de sérieux frise la blague

Voici une tentative de résumé du rapport de la commission d’enquête de Henri SOULIÉ, Michel TRUFFY, Marylin MONBUREAU sur Anzême :

Rapport Parc Éolien Anzême

Dans un premier temps la commission reprend les arguments des études payées par le promoteur, sans en faire aucune analyse. On peut lire par exemple :

Les éoliennes seront visibles depuis les plages et bases de loisirs de Péchadoire et de Chambon, mais le paysage des plages est par nature centré sur l’eau.

(… ??? débrouilles toi avec ça !)

Puis viennent les réponses aux observations. Le principe est pratiquement toujours le même :

  1. ne sont retenus que certains points des observations, et beaucoup sont reformulés.
  2. la société répond sur un point particulier de l’observation qui est le plus souvent un point mineur ou mal interprété.
  3. le tout en s’appuyant sur des études et des sondages à charges, obsolètes ou interprétés largement.
  4. puis systématiquement ou presque, la commission résume la réponse de la société tout en venant l’appuyer.

Par exemple, lorsque quelqu’un fait remarquer :

  • les photomontages sont trompeurs car la vue « depuis le Puy de Gaudy ne montre que 6 éoliennes sur les 12, les autres étant opportunément cachées par un bois. »
  • la commission répond « le photomontage a été réalisé par un laboratoire indépendant. Elle ne remet pas en cause son authenticité. »

Ensuite face aux observations suivantes :

Technologie inadaptée et couteuse par rapport à sa faible rentabilité, pas de création d’emploi, incapable de prendre le relais des centrales thermiques, leurre écologique. Coût important par rapport à la productivité

La société répond uniquement sur la question de l’emploi, en affirmant qu’il y a un « levier de création d’emplois durables en France » tout en montrant que cela concerne essentiellement « l’installation », et en reconnaissant que « l’intégralité d’une éolienne ne peut être construite à 100 % en France dans un marché mondial qui tend vers une augmentation de son offre », ce qui est un doux euphémisme sachant qu’elles sont construites en majorité en Chine, en Allemagne et au Danemark et que le marché chinois exporte de plus en plus.

Sur les autres points soulevés dans cette même observation, à savoir : sur le coût, la faible rentabilité, la place dans la production, le leurre écologique, etc. Il n’y a aucune réponse de la société ! Rien ! Un écart magique, un vol au-dessus d’un gouffre de questions sans doutes jugées sans intérêt et qui concerne pourtant l’intérêt même de l’éolien !

La commission ignore superbement cet écart abyssal, et voici ce qu’elle répond :

Au niveau national, l’éolien est porteur d’emplois et en plein essor. Sur le plan local, l’activité économique sera sensible durant la phase chantier (…) Par contre en phase d’exploitation, l’activité sera minime.

Quant au paysage, ce n’est plus une réalité concrète faite de collines, de rivières, de bois, de prairies, etc. D’après la commission cela devient : « une notion subjective, qui n’existe que par le regard ». Même un jeu vidéo semble avoir plus de substance.

Mais c’est sur la question du coût du démantèlement que l’on atteint toute la puissance de l’œuvre, en résumé:

  1. une observation fait valoir un devis de démantèlement très nettement plus coûteux que les 50000 Euros mentionnés par l’entreprise.
  2. l’entreprise dit que ce devis est particulier et surévalué dans ce cas, à cause de la présence de ligne électriques et d’une conduite de gaz.
  3. la commission d’enquête valide cette observation.

Or il y a aussi des lignes électrique et des conduites de gaz dans les cas d’Azème et de Saint-Fiel. Peut-être faudrait-il en informer la société ?

Eh bien entendu aucune question n’est posée sur la garanti de ces dites « provisions » pour démantèlement. Avec une simple écriture comptable, d’un côté « Capital souscrit non appelé » et de l’autre « Provision pour risque et charge », on l’a créée notre provision de 50000 Euros, par la magie de la comptabilité. Est-ce que cela suffit pour cette commission ?

Concernant les grues cendrées, la société reconnaît enfin leur existence ! Mais elle relativise la notion de « couloir de migration », notion abstraite de tout évidence, car pouvant être de-ci de-là, ceci cela… La seule idée plus ou moins claire que l’on arrive à extraire de tout cela c’est : les couloirs de migration sont larges, donc on peut se mettre en plein milieu, ça ne gène pas. Et elle cite la LPO:

les Grues cendrées volent principalement de jour (…) et à des altitudes bien supérieures aux plus hautes que les éoliennes existantes

Pourtant c’est bel et bien sur plusieurs mois de l’année, lors de leur montée vers le Nord et à la descente que l’on a des passages de grues sur Anzême. Et la majorité de nuit ! Et la majorité bien en dessous de 150 mètres de haut. L’observatoire de Flavignac situé sur le même (abstrait) couloir qu’Anzême en dénombre des milliers chaque année alors même que les observateurs ne sont présents que 1 à 2 H par jour, et pas tout à fait chaque jour.

Tout l’argumentaire, tout du long, est comme ça. Et les remarques de la commission sont toujours sur le même ton délicat.

La question de l’immobilier est très rapidement écartée par la commission : « la dépréciation de l’immobilier ne dépend pas que de la présence des éoliennes ».

Face aux observations sur la « Mise en cause de l’indépendance et l’impartialité des commissaires enquêteurs rémunérés par le porteur du projet. » La commission d’enquête répond qu’elle a « scrupuleusement respectée les exigences de l’article R123-4 du Code de l’environnement », exigences qui portent la période qui précède la nomination.

Mais ils ne nient pas formellement ces accusations, notamment sur la période qui suit leurs nominations!

Enfin de nombreuses autres observations ont été écartées lors du processus de « synthèse » : l’évolution du tarif d’achat de l’électricité au 1er janvier 2021, les terres rares, les déchets non recyclables, la faible durée de vie, l’effet stroboscopique, la question ambiguë du propriétaire des machines, la prolifération observée partout ailleurs dès les premières éoliennes installées, etc.

En bref, vous l’aurez compris, l’enquête donne un avis favorable.

ʕ•ᴥ•ʔ

Mais cette enquête a tout de même été utile! Grâce à elle, la société semble avoir découvert que ses baux étaient expirés! Après un début de réponse embrouillée, on assiste à l’invention de clauses « prorogeables tacitement ». Même si c’est vraisemblablement non spécifié voir en contradiction avec les contrats d’origine.

C’est une révélation choc ! Un nouvel élément clé du dossier vient d’apparaître. Mais que va donc répondre la commission d’enquête :

ʕʘ̅͜ʘ̅ʔ

Rien. Oui, rien!!!!! RIEN (bruit de nerf qui grince)

Il y a tout de même une bonne nouvelle : on pourrait aller chasser même jusqu’aux pieds des éoliennes; enfin c’est peut-être possible, pas sûr, ça s’est déjà vu il parait, mais on ne s’engage à rien, vous avez compris?

En conclusion, Mesdames et Messieurs, NON ce n’est pas sérieux. Et NON vous ne planterez pas vos merdes chez nous !

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